D'où viennent les troubles de la coordination motrice?
Avant de répondre à cette question, il convient dans un premier temps de comprendre ce dont on parle et de définir le terme de coordination motrice.
QU’EST-CE QU’UN TROUBLE DE LA COORDINATION MOTRICE ?
Un “trouble de développement de la coordination” (TDC) peut aussi être appelé “trouble de l’acquisition de la coordination” ou encore “dyspraxie développementale”.
La perception du corps, également appelée schéma corporel, fait référence à notre conscience et à notre représentation mentale de notre propre corps. Cela inclut la connaissance de la taille, de la forme et de la position de nos différentes parties corporelles.
Une personne souffrant d’un tel trouble a du mal à anticiper, élaborer, réaliser et contrôler ses mouvements volontaires coordonnés de façon fluide.
PAR QUOI SE CARACTÉRISE-T-IL ?
Il se caractérise par :
- des troubles de la motricité globale et fine : une personne souffrant d’un TDC a du mal à planifier, organiser et exécuter ses propres mouvements globaux tels que la marche, la course ou le saut. Elle a aussi du mal à réaliser des activités plus fines telles que l’écriture, le découpage, le bricolage ou la manipulation d’outils ou d’objets. Les mouvements sont plus lents, plus saccadés, moins fluides, moins précis et plus maladroits qu’une personne non atteinte par ce trouble. La coordination oeil-main est difficile.
- des difficultés de planification et d’organisation : les mouvements sont plus désorganisés. En effet, la planification et l’organisation des tâches sont difficiles pour ces personnes. Les séquences de mouvements qui impliquent plusieurs étapes sont complexes à réaliser.
- des difficultés d’apprentissage : l’ensemble de ces facteurs fait que les enfants dyspraxiques éprouvent des difficultés à réaliser les activités cognitives et tâches de coordination demandées à l’école et cela les ralentit dans leurs apprentissages, créant ainsi des obstacles à la réussite et des troubles de l’apprentissage.
- une sensibilité sensorielle : à tout cela s’ajoute une sensibilité sensorielle accrue souvent observée chez les personnes dyspraxiques qui peuvent être soit hypersensibles soit hyposensibles à certains stimuli sensoriels comme les sensations tactiles, sonores, visuelles ou olfactives.
- un déficit de perception spatiale : enfin, les personnes dyspraxiques présentent un déficit de perception visuospatiale dans le sens où elles ont du mal à se situer dans l’espace, à s’orienter, à évaluer les distances, à situer des objets ou des éléments dans un endroit, à localiser quelque chose ou quelqu’un et à comprendre un plan, un schéma spatial ou une carte géographique.Avant de répondre à cette question, il convient dans un premier temps de comprendre ce dont on parle et de définir le terme de coordination motrice.
La proprioception, autrement dit le sens qui nous permet de savoir où se situent nos bras, nos jambes et notre corps dans l’espace est le sens lié à nos positions articulaires. Selon la disposition de nos membres et leur activité musculaire, des messages différents sont envoyés au cerveau pour être traités par lui et agir en conséquence. La proprioception sert donc à guider nos mouvements.
Ci-dessous les résultats en image d’une étude réalisée par Marion Naffrechoux, doctorante au Laboratoire Dynamique du Langage et au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon.
L’étude se compose de 2 groupes d’enfants âgés de 9 à 12 ans.
Un groupe appelé « groupe contrôle » est composé d’enfants ne présentant pas de TDC et l’autre groupe, appelé « groupe TDC » , se compose d’enfants dyspraxiques.
Il en a résulté que le groupe contrôle n’avait pas de difficultés motrices liées au fait de manier des objets, viser et attraper des choses et garder l’équilibre, à l’inverse du groupe TDC.
QUEL IMPACT AU QUOTIDIEN ?
Ce trouble affecte toutes les activités effectuées quotidiennement dans les domaines courants de la vie comme :
- les tâches quotidiennes : marcher, descendre les escaliers, se brosser les dents, boutonner des vêtements ou s’habiller, nouer ses lacets, manger proprement…
- la vie sociale : une gêne s’installe lorsque la vie en collectivité nécessite de la motricité
le sport : l’activité physique est laborieuse pour les personnes dyspraxiques car elles ont du mal à coordonner leurs bras et leurs jambes et donc à sauter, enjamber, garder l’équilibre, se repérer etc. - les activités artistiques : le dessin, la peinture ou l’artisanat en général demandent un certain degré de précision qu’une personne dyspraxique pourra péniblement être en mesure de produire.
- les apprentissages : les difficultés rencontrées tout au long de la scolarité entraînent des retards dans les différentes compétences attendues ; un manque de confiance en ses capacités et une nécessité de travailler plus pour obtenir le même résultat. Cela qui fatigue le mental et le corps sur le long terme et mène au découragement, au stress chronique et à l’échec scolaire.
D’OÙ VIENT CE TROUBLE ?
Un trouble neurodéveloppemental tel que le TDC peut tirer ses sources soit de facteurs génétiques, neurobiologiques, environnementaux, ou plusieurs de ces facteurs à la fois.
En ce qui concerne les facteurs génétiques, plusieurs variations de gènes peuvent être responsables du trouble observé. Ces variations représentent des anomalies génétiques liées à la prédisposition à développer ce trouble en particulier. Il peut s’agir par exemple de différences au niveau de la structure même du cerveau ou de son fonctionnement.
C’est grâce à l’imagerie cérébrale par résonance magnétique structurelle (IRM) et fonctionnelle (IRMf) qu’il est possible de visualiser en temps réel la structure, la taille, la forme et la densité des régions cérébrales. Cette technique permet aussi d’observer les régions neuronales en action lors de l’exécution d’une tâche spécifique.
Mais de façon générale, ce facteur n’est pas la seule cause du trouble.
En effet, la plupart des études scientifiques lient facteur génétique et facteur environnemental.
Le fœtus puis le nouveau-né ainsi que la mère ou les pairs peuvent être soumis à des infections, à l’exposition à des toxines, à des traumatismes précoces ou encore des carences nutritionnelles.
Si ces éléments sont couplés aux caractéristiques génétiques déjà présentes, cela modifie le développement cérébral et impacte la formation des circuits neuronaux ; la communication neuronale et le développement cérébral en général.
TROUBLES DE LA COORDINATION ET NEUROFEEDBACK QUANTITATIF
PRINCIPES DU NEUROFEEDBACK QUANTITATIF
Le neurofeedback quantitatif est une technique qui vise à réguler l’activité cérébrale en fournissant à la personne qui s’entraîne des informations sur cette activité en temps réel.
Un entraînement en neurofeedback quantitatif se déroule en 6 étapes :
- Acquisition des signaux neuronaux : les variations de l’activité électrique du cerveau sont enregistrées grâce à des électrodes placées sur le cuir chevelu.
- Traitement de ces signaux : les données enregistrées sont amplifiées et filtrées. Certaines bandes de fréquence en sont extraites à des fins d’analyse par le neurothérapeute.
- Programmation de l’entraînement en neurofeedback : afin que la personne puisse bénéficier d’un entraînement par rétroaction biologique qui corresponde à ses attentes et son objectif, le neurothérapeute définit les seuils d’activation qui permettent d’inhiber ou de renforcer certaines ondes cérébrales en particulier.
- Entraînement par rétroaction : la personne s’entraîne en neurofeedback lors de sa séance grâce à une rétroaction qui se présente sous forme de son, vidéo, jeu ou musique. Au fur et à mesure de l’entraînement, la personne prend conscience de son activité cérébrale grâce à l’observation de ses courbes. Cette configuration lui permet d’agir en conséquence et d’ajuster son activité neuronale en fonction des objectifs de séance définis par le neurothérapeute.
- Régulation neuronale : la personne entraînée apprend à reconnaître les modèles attendus et trouve en elle les ressources qui lui permettent de déployer des stratégies conscientes. Ces stratégies lui permettent de développer et réguler ses états particuliers pour répondre à ces modèles. L’apprentissage est personnalisé, progressif et expérimental.
- Répétition des séances et consolidation des acquis : la répétition des séances d’entraînement est fondamentale pour voir apparaître des résultats positifs. La régularité de la pratique est une condition sinéquanone pour renforcer les compétences d’autorégulation attendues. La répétition régulière des séances permet au cerveau de consolider les changements neuroplastiques effectués.
NEUROFEEDBACK QUANTITATIF ET TROUBLE DE LA COORDINATION
Au niveau cérébral, c’est le cortex sensorimoteur qui est impliqué dans l’organisation des schémas moteurs et la production des mouvements.
Le cortex sensorimoteur est une région du cerveau située dans les lobes pariétaux et frontaux.
Cette région est impliquée dans le traitement des informations sensorielles et motrices. Elle est organisée de manière somatotopique, ce qui signifie que différentes parties du corps sont représentées dans ces régions spécifiques du cortex.
Ce cortex sensorimoteur reçoit des informations proprioceptives provenant des muscles, des tendons et des articulations (kinesthésie) ainsi que des informations tactiles de la peau. Ces informations permettent au cerveau de connaître la position et le mouvement des différentes parties du corps, ce qui est essentiel pour la coordination motrice et la régulation posturale.
Les voies pariétales associatives sont des circuits neuronaux qui relient le cortex pariétal avec d’autres régions cérébrales impliquées dans le traitement sensoriel et perceptif. Ces voies jouent un rôle essentiel dans le traitement multimodalitaire des informations sensorielles provenant de différentes sources, telles que la vue, l’audition, la kinnesthésie et la proprioception.
La vue et l’audition fournissent des informations essentielles sur l’environnement externe, tandis que la kinnesthésie et la proprioception fournissent des informations sur le corps lui-même.
Les voies pariétales associatives intègrent ces différentes informations sensorielles pour former une représentation cohérente de notre corps dans l’espace.
La proprioception joue donc un rôle essentiel dans la régulation cérébrale et la coordination motrice. Les informations proprioceptives fournies par les muscles et les articulations sont utilisées par le cortex sensorimoteur pour ajuster et contrôler les mouvements du corps en temps réel.
Le traitement « bottom-up » implique le traitement des informations sensorielles brutes provenant de l’environnement et du corps, tandis que le traitement « top-down » implique l’influence des facteurs cognitifs et perceptuels sur le traitement de ces informations.
Le neurofeedback quantitatif permet de moduler l’activité cérébrale des personnes ayant un trouble de la coordination afin de :
- mieux coordonner les mouvements : la régulation de l’activité cérébrale liée aux fonctions motrices permet de mieux appréhender l’environnement, travailler l’équilibre, les réflexes, la précision des pensées et des mouvements, la planification motrice, la coordination oeil-main, l’écriture, la lecture et atténuer les symptômes de dysfonctionnement moteur.
- se concentrer et rester attentif : le renforcement des ondes sensorimotrices (ondes SMR) permet de maintenir une concentration soutenue sur des courts essais de 3 minutes environ de façon répétée. Les stratégies d’entraînement pour y arriver permettent de transférer ces compétences dans la vie réelle et de généraliser ces compétences à toutes les activités quotidiennes et de spécialisation.
- gagner confiance en soi et assurance : reprendre le contrôle de ses gestes au quotidien permet de se sentir plus confiant. Les résultats obtenus favorisent la volonté de continuer à se surpasser et motivent à relever de nouveaux défis. La personne prend conscience de son potentiel et cela l’encourage à développer ses capacités motrices et se perfectionner dans certains domaines de la vie.
LE LIEN ENTRE LA POSTURE, LA RESPIRATION ET LES CAPACITÉS CÉRÉBRALES ET MOTRICES
La stabilité de notre corps est essentielle pour assurer une bonne fonctionnalité de celui-ci.
La posture est contrôlée par le système nerveux central (composé du cerveau et de la moelle épinière) ; le système sensoriel ; les muscles et les articulations.
Lorsque la posture est mauvaise, elle bloque la respiration. Or, la respiration est un processus vital qui permet de nourrir les cellules du corps en oxygène. C’est le système nerveux autonome qui gère la respiration. La respiration est directement liée à notre état émotionnel et donc au niveau de stress et d’anxiété présent dans notre corps.
En cas de manque d’air, le corps est en difficulté et le stress respiratoire conduit la personne à un état d’anxiété. Travailler sa respiration pour qu’elle devienne lente et profonde permet de retrouver un état de détente et de relaxation, propice au bon fonctionnement du corps et du cerveau (car ils sont mieux oxygénés). Cet état de stress influe sur le sommeil qui lui, influe sur les capacités physiques et mentales au quotidien.
Prendre soin de soi passe donc par tous ces éléments interconnectés et interdépendants.
En neurothérapie et lorsqu’on a cette vision globale et holistique du corps et du trouble (qu’il soit physique, neurodéveloppemental ou en lien avec la coordination), on prend soin d’analyser et de mesurer le stress (grâce aux capteurs EDA et BVP) ; la respiration (via la ceinture thoracique) ; le sommeil (grâce à un actigraphe) ; la cognition (grâce au neurofeedback EEGq) et le tonus musculaire (grâce au capteur sEMG placé derrière la nuque, au niveau des trapèzes).
UN ACCOMPAGNEMENT GLOBAL DE L’ENFANT ET DE L’ADULTE DYSPRAXIQUES
Une posture appropriée, une respiration optimale et des capacités cérébrales et motrices bien coordonnées sont des éléments essentiels qui assurent un fonctionnement harmonieux du système nerveux.
Des perturbations dans l’un de ces domaines peuvent avoir des répercussions sur les autres, pouvant entraîner des difficultés de coordination motrice, d’équilibre, de concentration ou d’humeur.
Dans le cadre de l’intervention thérapeutique proposée par le neurothérapeute, les approches intégrées qui prennent en compte ces différentes dimensions offrent de meilleurs résultats.
Elles sont utilisées par le neurothérapeute pour favoriser l’amélioration globale des capacités cérébrales et motrices de la personne subissant ce TDC.
Mots-clés: education, médecine, handicap, psychologie, santé, science