Neurofeedback et prise en charge de la douleur chronique - 2ème partie

profil EEGq de fibromyalgieProfil EEGq de fibromyalgie avec excès de delta-thêta et carence d’alpha

UNE APPROCHE QUALITATIVE BASÉE SUR L’EEG QUANTITATIF

Le Neurofeedback s’avère efficace pour moduler la dérégulation de l’activité cérébrale dans la douleur chronique. Cette méthode tient compte de l’importance du cerveau humain et de ses extraordinaires capacités d’autorégulation. L’approche plus récente du Neurofeedback observe et influence des zones beaucoup plus ciblées en rapport avec les troubles présentés.

Dans le précédent article sur Biofeedback et Neurofeedback dans la prise en charge de la douleur chronique ? 1ère partie.

nous avons précisé :

  1. Le contexte clinique de la douleur chronique,
  2. Ses substrats neuro anatomiques,
  3. Les différences générales entre Biofeedback et Neurofeedback,
  4. Les différentes raisons de les associer dans la prise en charge de la douleur chronique.

RAPPEL DES MÉCANISMES PHYSIOLOGIQUES IMPLIQUÉS DANS LA DOULEUR CHRONIQUE

« No Brain, no Pain »
Pas de Cerveau, pas de douleur!

Grâce à l’imagerie cérébrale, on sait aujourd’hui que le message atteint à la fois différentes zones du cerveau :

  • celles spécifiquement dédiées aux informations sensorielles,
  • les zones non spécifiques de la douleur, telles que les zones de l’attention,
  • celles de l’émotion et responsable du déplaisir,
  • les sites de la mémoire. Pour savoir si on a déjà éprouvé une douleur comparable.

Ces dernières régions font accéder le stimulus à notre conscience. C’est alors une véritable expérience. Les informations sensorielles ne se contentent pas de remonter de la périphérie vers le cerveau. Le cerveau lui-même est capable de moduler la façon dont la moelle épinière traite et encode l’information.

C’est le contrôle descendant de la douleur ou « Top Down ».

LE PROCESSUS DE RÉGULATION DE «HAUT EN BAS»

UNE DÉCISION IMPORTANTE DE L’O.M.S !

La prise en charge des patients douloureux révèle les profondes lacunes d’un dispositif qui n’évolue plus depuis quelques années.

Heureusement, un changement important s’est produit en mai 2019 :

003 organisation mondiale de la santeL’O.M.S considère le statut de la douleur chronique comme une maladie en-soi.

La douleur chronique est finalement reconnue comme une « entité clinique ».

Elle figure dans la Classification internationale des maladies (CIM-11 de l’OMS).

UNE NOUVELLE CLASSIFICATION

Les douleurs chroniques forment deux catégories :

  • Celle des douleurs primaires,
  • la catégorie des douleurs secondaires.
  • La douleur chronique primaire

Elle se caractérise par une incapacité ou une détresse émotionnelle.

Elle ne s’explique pas mieux par un autre diagnostic de douleur chronique.

Les douleurs chroniques primaires incluent :

  • les douleurs chroniques généralisées, telles que la fibromyalgie
  • la douleur du bas du dos non spécifique
  • le syndrome douloureux régional complexe
  • les douleurs musculo-squelettiques chroniques, appelées « non spécifiques »
  • Les maux de tête
  • Des affections primaires comme la douleur pelvienne chronique et le syndrome du côlon irritable.

La définition récemment proposée de douleur nociplastique peut décrire certains des mécanismes sous-jacents.

Rappelons que l’un de ces mécanismes est celui de la sensibilisation centrale.

L’HYPERSENSIBILITÉ CENTRALE

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hypersensibilité-centrale-synthèse
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004 douleur chroniqueSchéma simplifié des efférences corticales et limbiques au réseau spinoréticulaire.
Recomposition à 
partir des figures de Felten & Shetty, 2011, p47, 332.

LA RÉORGANISATION CÉRÉBRALE

La douleur chronique se développe à travers un processus de réorganisation :

Cette réorganisation est due à des variables psychologiques internes et sociales de la mémoire somatosensorielle :

  1. Une douleur renforcée par le temps a tendance à se manifester. Même si la stimulation nociceptive est absente.
  2. Une attention exagérée peut se reporter sur la douleur. Elle peut être en cause. En abaissant ce seuil.
  3. S’installe une réorganisation plus générale due à différentes comorbidités :
  • affectives (dépression, anxiété),
  • aux troubles du sommeil,
  • aux nouvelles tendances acquises d’évitement de la douleur. Ce qui a un impact important sur plan émotionnel et celui de la motivation .

UN CERCLE VICIEUX

Tout ceci s’inscrit possiblement dans une dynamique stressante s’autorenforçant.

Il faut se reporter à la neuromatrice de la douleur dans l’article précédent.

005 cerveau et douleurCerveau et douleur

L’ÉTAT DE LA RECHERCHE :

La neuro imagerie fonctionnelle par EEGq est bien documentée. Plus de 4000 articles publiés sont disponibles. Elle confirme qu’il est possible de moduler la dérégulation de l’activité cérébrale.

Des publications récentes font état de protocoles de recherche qui couplent l’EEGq et l’IRMf lors d’un entraînement par Neurofeedback.

LE NEUROFEEDBACK PAR EEGQ ET IRMF

Ces recherches renforcent la validité de la méthode. Elles apportent des preuves scientifiques supplémentaires.

RÉGULATION PLASTIQUE DU RÉSEAU DE SAILLANCE PAR IRMF DIRECTEMENT APRÈS NEUROFEEDBACK EEG

Tomas Ros a,b, ⁎ , Jean Théberge a,c , Paul A. Frewen a , Rosemarie Kluetsch a,e , Maria Densmore a,c , Vince D. Calhoun d , Ruth A. Lanius

Résumé

Le Neurofeedback implique une interface cerveau-ordinateur pour apprendre à contrôler volontairement les oscillations corticales. Ce qui se reflète dans l’électroencéphalogramme quantitatif. La méthode de Neurofeedback est pionnière comme outil non invasif de traitement des troubles cérébraux. Elle sert à moduler la dérégulation de l’activité cérébrale.

Il n’existe pas encore de preuves suffisantes sur le mécanisme de son impact sur le fonctionnement du cerveau.

De plus, le rythme dominant du cerveau humain est l’oscillation alpha (8-12 Hz). Or, sa signification comportementale demeure partagée. Voici une étude composée de 34 participants. Tous sont en bonne santé. Pour débuter, nous fixons une tâche attentionnelle. Les participants doivent réduire volontairement le rythme alpha.

Puis, nous analysons la connectivité fonctionnelle de réseaux IRMf distincts. Ces réseaux étaient-ils modifiés de manière plastique après un entraînement de 30 minutes ? Nous comparons cet entraînement avec un entraînement simulé. Ce qui montre que le Neurofeedback induit une augmentation de la « connectivité ». Spécialement au sein des régions du réseau de saillance. Le réseau de vaillance est impliqué dans la «vigilance intrinsèque».

Plus précisément le cingulaire antérieure dorsale. Cette observation est détectable 30 minutes après la fin de l’entraînement.

006 reseau de saillance

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Neurofeedback-et-IRMf-réseau-de-saillance
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LA RECHERCHE EN FRANCE

En France, la recherche sur le Neurofeedback et la douleur chronique est encore balbutiante.

Voici l’un des premiers articles sur le sujet :

«LE NEUROFEEDBACK APPLIQUÉ À LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR CHRONIQUE«

Louis Skrzyszowski Sarah Ourahli

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Neurofeedbackdouleurchronique-L.Sk2016-copie
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LA RECHERCHE INTERNATIONALE

Dans les pays anglo-saxons, la Recherche est plus féconde.

« APPROCHES DE NEUROMODULATION POUR LA GESTION DE LA DOULEUR CHRONIQUE. RÉSULTATS DE LA RECHERCHE ET IMPLICATION CLINIQUE »

Mark P. Jensen, PhD Leslie H. Sherlin, PhD Shahin Hakimian, MD Felipe Fregni, MD, PhD

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Le Neurofeeback-dans-la-prise-en-charge-de-la-douleur-chronique
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Résumé :

Des éléments de preuve mettent en lumière le rôle que peut jouer l’état du cerveau dans la douleur chronique :

  • Premièrement, la recherche a identifié un lien entre l’activité EEG cérébrale et l’expérience de la douleur.
  • Deuxièmement, plusieurs études publiées montrent les effets bénéfiques des interventions sur l’activité corticale associée à la douleur chronique.

Ces interventions comprennent des traitements neurocomportementaux.

Les traitements pris comme exemple sont :

  1. Le Neurofeedback
  2. L’hypnose
  3. La stimulation cérébrale invasive
  4. La stimulation cérébrale non invasive

Les données préliminaires montrent l’efficacité des stratégies de neuromodulation dans le traitement de la douleur. Elles fournissent des raisons convaincantes d’examiner comment l’activité corticale mesurée EEG peut sous-tendre l’expérience de la douleur. Les données existantes suggèrent déjà des approches spécifiques. Les cliniciens peuvent les envisager dans le traitement de la douleur chronique.

Réciproquement, les observations des praticiens en Neurofeedback fournissent des données importantes. Elles favorisent la conception d’essais cliniques randomisés pour le traitement de la douleur chronique.

L’INTÉRÊT DU NEUROFEEDBACK DANS LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR CHRONIQUE

007 systemeEEG système 10/20

L’EEG quantitatif permet aujourd’hui d’obtenir une « mesure » pour une approche multidimensionnelle de la douleur chronique.

  1. Le Neurofeedback basé sur l’EEG quantitatif permet une approche plus ciblée en rapport avec la plainte du patient.
  2. La « cartographie cérébrale » par EEGq donne un « point de vue global » sur les zones concernées.
  3. Le Neurofeedback permet de rétablir un mode de fonctionnement cérébral par défaut normal.
  4. En opposition à la réorganisation fonctionnelle cérébrale inhérente aux douleurs chroniques.

LES CONSÉQUENCES DE LA RÉORGANISATION CÉRÉBRALE DANS LA DOULEUR CHRONIQUE :

  • Elle peut être « pathogène » par maintien du symptôme,
  • Et de façon intrinsèque. Elle perturbe le fonctionnement normal du cerveau.

Le Neurofeedback se conçoit comme une

RE-RÉORGANISATION cérébrale.

La cible est directement les zones corticales concernées.

MODULER LA DÉRÉGULATION DE L’ACTIVITÉ CÉRÉBRALE

Présentation de cas cliniques

Une base de données normative fournit une norme statistique en écart type. Cette source d’information sert pour obtenir une normalisation.

Il y a bien d’autres paramètres pour l’analyse les données de l’EEGq.

Le développement d’une maîtrise en EEG quantitatif exige de suivre une formation spécialisée. La formation avancée en EEGq dispensée par l’Institut Neurosens est actuellement la seule disponible en France et en français.

Les cas cliniques choisis exposent différents mécanismes de dérégulation de l’activité cérébrale dans la douleur chronique.

  • Soit des mécanismes de compensation.
  • Soit par processus de dissociation. Ces conduites d’évitement permettent de faire face au problème rencontré.

Les symptômes choisis sont ceux de la première catégorie des douleurs chroniques.
Les améliorations obtenues sur le plan clinique sont corrélées avec celles constatées sur l’EEGq.

CAS 1 : DOULEURS CHRONIQUES MUSCULO-SQUELETTIQUES

008 cas cliniqueDouleurs chroniques musculo-squelettiques chroniques

CAS 2 : DOULEURS CHRONIQUES ET « BURN-OUT»

009 2eme cas cliniqueDouleurs chroniques musculo-squelettiques et algie faciale

CAS 3 : LOMBALGIES CHRONIQUES ET ACOUPHÈNES

010 3ème cas cliniqueDouleurs de lombo-sciatalgies chroniques et acouphènes

SUIVI APRÈS 8 SEMAINES

011 suivi 3eme cas cliniqueSuivi EEGq après 16 séances

CAS 4 : MIGRAINES ET DOULEURS CHRONIQUES

011 4eme cas cliniqueMigraines nocturnes fréquentes et douleurs chroniques du dos

CAS 5 : FIBROMYALGIE

012 5eme casFibromyalgie

5ÈME CAS : SUIVI EEGQ

013 5eme cassuivi EEGq après 35 séances

CAS 6 : CÉPHALÉES CHRONIQUES ET SYNDROME ATM

014 cas 6 768x46Céphalées, clenching, fatigue chronique

6ÈME CAS : SUIVI EEGQ

015 suivi cas 6 768x522Suivi EEGq après 15 séances

Cette approche qualitative pour moduler la dérégulation de l’activité cérébrale dans la douleur chronique augmente notablement l’efficacité de la méthode. Son intérêt dans la prise en charge de la douleur chronique est incontestable. La recherche scientifique le confirme. Particulièrement les études par l’IRM fonctionnelle en temps réel couplée avec la mesure de l’EEG.

La précision de l’EEGq enrichit la pratique quotidienne de l’entraînement en Neurofeedback. C’est une évaluation simple, non invasive et peu coûteuse. Elle peut être exécutée à tout moment.

Pour l’évaluation initiale comme pour le suivi à court, moyen et long terme.

Mots-clés: accompagnement, education, médecine, handicap, psychologie, santé, science

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