
13 février 2025 - Journée internationale de l'épilepsie
Jeudi le 13 février 2025
Chez Institut Neurosens, nous avons à cœur d’explorer et de partager les connaissances sur les troubles neurologiques qui impactent profondément la vie quotidienne. L’épilepsie en fait partie : 50 millions de personnes dans le monde en sont atteintes, et pourtant, le sujet reste entouré de tabous, de méconnaissance et d’incompréhension.
Nous rencontrons régulièrement des patients et des familles démunis face à cette condition, à la recherche de réponses et de solutions adaptées. Nous savons combien l’épilepsie peut bouleverser un quotidien, semer l’angoisse de la prochaine crise, et remettre en question la confiance en soi et l’autonomie.
C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée Internationale de l’Épilepsie, nous avons voulu informer, expliquer et ouvrir des perspectives. Dans cet article, nous abordons :
✅ Les mécanismes neurologiques derrière les crises
✅ Les avancées scientifiques et thérapeutiques récentes
✅ Les solutions complémentaires comme le neurofeedback EEGq et le biofeedback, qui offrent un nouvel espoir en complément des traitements classiques.
✨Parce que comprendre, c’est déjà agir. Parce que chaque personne épileptique mérite d’être écoutée et accompagnée avec bienveillance.
Découvrez notre article complet et partagez-le autour de vous
Des millions de personnes sont touchées par l'épilepsie à travers le monde. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Quels sont les symptômes, les facteurs, et les traitements proposés aux personnes épileptiques à l'heure actuelle ?
À l'occasion de la Journée internationale de l'épilepsie, nous souhaitons mettre en avant ce trouble globalement connu mais encore trop méconnu dans ses manifestations, ses causes et ses conséquences sur la vie quotidienne.
Dans cet article, nous nous pencherons également sur les avancées récentes en matière de recherche et de traitement.
Qu'est-ce que l'épilepsie ?
L'épilepsie est une affection neurologique chronique. Elle se caractérise par des crises récurrentes dues à une activité électrique anormale dans le cerveau.
Ces crises peuvent varier en intensité et en manifestation, allant de légers épisodes d'absence à des convulsions sévères.
Les crises épileptiques sont classées en plusieurs catégories selon leur origine et leur impact sur la conscience et les mouvements :
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Les crises focales (ou partielles) :
- Elles prennent naissance dans une zone spécifique du cerveau.
- Elles peuvent être simples, sans altération de la conscience (ex. : mouvements involontaires, sensations anormales, hallucinations visuelles ou auditives).
- Elles peuvent être complexes, avec une altération de la conscience, entraînant parfois des comportements automatiques (ex. : mâcher, déambuler sans but).
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Les crises généralisées :
- Elles impliquent l’ensemble du cerveau dès le début de la crise.
- Elles peuvent inclure :
- Les absences : brèves interruptions de conscience, souvent observées chez les enfants.
- Les crises myocloniques : secousses musculaires soudaines et involontaires.
- Les crises tonico-cloniques (grand mal) : perte de conscience, raideur musculaire (phase tonique), suivie de secousses rythmiques (phase clonique).
- Les crises atoniques : perte soudaine du tonus musculaire, provoquant des chutes brutales.
Que se passe-t-il concrètement dans le cerveau durant une crise épileptique ?
Le cerveau fonctionne grâce à un équilibre entre excitation et inhibition neuronales. Les neurones communiquent entre eux par des signaux électriques et chimiques.
Ces signaux permettent la transmission des informations nécessaires aux fonctions :
- motrices
- sensorielles
- cognitives
- émotionnelles
Dans un cerveau sain, cette communication est régulée par 2 types de neurotransmetteurs majeurs :
1 - Les neurotransmetteurs excitateurs (comme le glutamate), qui augmentent l’activité neuronale.
2 - Les neurotransmetteurs inhibiteurs (comme le GABA qui est un acide gamma-aminobutyrique), qui freinent l’excitation excessive et maintiennent l’équilibre du réseau.
Lors d’une crise épileptique, cet équilibre est perturbé. On assiste alors à une décharge excessive et synchronisée d’un groupe de neurones. C’est précisément cette décharge qui génère une activité électrique anormale. On parle alors “d'hyper excitabilité neuronale”.
Cette dernière entraîne une propagation rapide du signal, qui, lui, affecte négativement différentes régions du cerveau.
Selon la localisation et l’étendue de cette activité, les symptômes varient. La personne peut convulser, avoir des absences, ressentir des troubles sensoriels, ou plusieurs de ces éléments à la fois.
Les différentes étapes d’une crise épileptique
Une crise épileptique suit généralement 4 phases :
- La phase prodromique (elle est facultative) : certaines personnes ressentent des signes avant-coureurs comme de la fatigue, de l’irritabilité ou des maux de tête. Il arrive que ces signes apparaissent plusieurs heures voire plusieurs jours avant la crise.
- L’aura (dans certaines crises focales) : il s’agit d’un phénomène sensoriel, cognitif ou émotionnel qui précède la crise. Par exemple, la personne peut ressentir des sensations étranges au niveau de son corps, comme des sensations de déjà-vu. Elle peut aussi avoir des hallucinations.
- La phase ictale (c’est la crise proprement dite) : elle correspond au déploiement de l’activité électrique anormale et peut se manifester par :
- une activité motrice comme des secousses musculaires involontaires, une raideur particulière ou une perte de tonus,
- une altération de la conscience comme de la confusion, une absence ou un arrêt temporaire des activités en cours,
- des phénomènes sensoriels tels que des troubles visuels ou auditifs,
- des modifications végétatives telles qu’une accélération du rythme cardiaque, des sueurs ou une dilatation des pupilles.
- La phase post-ictale : après la crise, le cerveau va mettre du temps à retrouver son équilibre. Cette phase peut s’accompagner d’une grande fatigue, d’une confusion générale, de troubles du langage, de maux de tête ou de douleurs musculaires.
Pourquoi les crises sont-elles parfois localisées et parfois généralisées ?
L’impact d’une crise dépend de son origine et de sa propagation.
Les crises focales restent limitées à une zone spécifique du cerveau, souvent en raison d’une hyperactivité locale dans un groupe restreint de neurones. Elles peuvent affecter des fonctions précises selon la région touchée. Par exemple, si le cortex temporal est impliqué, on notera des troubles du langage.
Les crises généralisées impliquent dès le début les deux hémisphères cérébraux. Elles résultent souvent d’une défaillance des mécanismes inhibiteurs qui empêchent la propagation incontrôlée des signaux électriques.
Que voit-on en neuroimagerie ?
L’électroencéphalogramme (EEG) permet d’observer les anomalies électriques du cerveau en cas d’épilepsie. Il permet d’enregistrer les décharges anormales et d’identifier leur localisation.
En imagerie cérébrale, des techniques comme l’IRM fonctionnelle ou la tomographie par émission de positons (TEP) peuvent révéler des anomalies structurelles ou métaboliques associées aux crises.
L’après-crise : récupération et plasticité cérébrale
Après une crise, le cerveau mobilise certains mécanismes de récupération.
On assiste à un réajustement des connexions neuronales. En effet, les neurones tentent de restaurer un fonctionnement équilibré.
Ensuite, les mécanismes inhibiteurs se réactivent. L’augmentation transitoire du GABA aide à calmer l’activité excessive.
Enfin, le cerveau crée une réorganisation fonctionnelle. Dans certains cas, il adapte ses réseaux neuronaux pour limiter la réapparition des crises. Malheureusement, ce mécanisme n’est pas toujours suffisant pour prévenir l’épilepsie chronique.
Pourquoi est-on épileptique ?
L’épilepsie est une maladie neurologique qui comporte plusieurs causes. Cependant, selon le site de l’assurance maladie Ameli 50 % des cas restent sans origine identifiée !
1. Les causes génétiques
Certaines épilepsies sont héréditaires ou liées à des mutations. Ces dernières affectent les canaux ioniques et l’excitabilité neuronale. Des syndromes comme l’épilepsie myoclonique juvénile (mutation GABRA1) ou le syndrome de Dravet (mutation SCN1A) en sont des exemples.
2. Les lésions cérébrales
Parmi les lésions cérébrales qui pourraient être la cause de crises épileptiques, on compte :
- l’AVC et l’ischémie : après un AVC, le risque d’épilepsie augmente notamment chez les personnes âgées
- les traumatismes crâniens : un choc à la tête peut provoquer des cicatrices neuronales responsables des crises
- les infections cérébrales comme les méningites, les encéphalites et les neurocysticercoses perturbent les réseaux neuronaux et favorisent les crises.
3. Les malformations cérébrales
Des anomalies du développement du cerveau, comme les dysplasies corticales ou la sclérose hippocampique, entraînent souvent des épilepsies résistantes aux traitements.
4. Les facteurs environnementaux et les complications périnatales
Un manque d’oxygène à la naissance peut causer des dommages neuronaux. On appelle ça l’hypoxie néonatale.
L’exposition à des toxines comme l’alcool, les drogues, les pesticides ou les métaux lourds influence le développement cérébral.
5. L’épilepsie idiopathique
Malgré les progrès en génétique et en neuroimagerie, de nombreux cas restent inexpliqués. Des facteurs épigénétiques et des lésions invisibles aux examens standards pourraient en être la cause.
Les avancées en génomique et intelligence artificielle pourraient offrir de nouveaux axes de recherche pour mieux comprendre ces causes encore floues.
L’épilepsie en chiffres
L’épilepsie est donc, comme nous l’avons vu, un phénomène dynamique qui implique plusieurs processus de synchronisation neuronale, de plasticité cérébrale et de régulation des neurotransmetteurs.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 50 millions de personnes dans le monde sont atteintes d'épilepsie. Cela en fait l'une des affections neurologiques les plus courantes aujourd’hui.
Selon Santé publique France, près de 80 % des personnes épileptiques vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. En France, l'épilepsie concerne environ 650 000 personnes, dont 100 000 enfants.
Chaque jour, 100 personnes présentent une première crise d'épilepsie. Ce qui signifie qu’on dénombre près de 40 000 nouveaux cas par an.
L’étude des mécanismes liés à l'épilepsie permet d’améliorer la prise en charge et de développer des traitements plus ciblés.
Études scientifiques récentes
La recherche sur l'épilepsie en France progresse constamment.
Par exemple, l'Institut de neurosciences des systèmes (INS) de Marseille a participé au développement d'un modèle in silico de cerveau virtuel, qui a permis de reconstituer le cerveau d'une personne atteinte d'épilepsie.
Les chercheurs de l’INSERM ont ainsi mieux compris les mécanismes de la maladie et le développement des traitements personnalisés.
Cette même équipe a également développé une thérapie génique pour les patients souffrant d'épilepsie résistante aux médicaments. Chez la souris, ce traitement a réduit de 85 % le nombre de crises, et les premiers résultats obtenus ex vivo chez l'humain sont prometteurs
Les traitements médicamenteux
Le traitement principal concernant l'épilepsie repose sur l'utilisation de médicaments antiépileptiques (MAE).
Selon Santé publique France, environ 70 % des personnes épileptiques pourraient ne pas avoir de crises si leur état était correctement diagnostiqué et traité.
Cependant, les médicaments peuvent entraîner des effets secondaires. Parmi eux, on note :
- de la fatigue, comme une sensation de somnolence ou de léthargie
- des vertiges, comme une impression de tête qui tourne
- une prise de poids du fait que certains MAE peuvent augmenter l'appétit
- des troubles de l'humeur comme de l’irritabilité, une dépression ou de l’anxiété
- des problèmes cognitifs tels que des difficultés de concentration ou de mémoire.
Les traitements non médicamenteux
La neurothérapie
Face aux limites des traitements médicamenteux, des approches non pharmacologiques, telles que la neurothérapie, gagnent en popularité.
La neurothérapie, qui regroupe le neurofeedback EEGq et le biofeedback, est une approche globale, intégrative, holistique qui considère à la fois le corps et le cerveau.
Le retour sur l’activité musculaire : le Biofeedback
Le biofeedback consiste à observer son corps, à trouver des moyens de mieux se sentir, à limiter les tensions musculaires, à travailler sur sa posture pour une meilleure respiration, un meilleur sommeil et une énergie optimisée en général.
Pour ce faire, on utilise les capteurs suivants :
- l’ EDA pour mesurer l’activité électrodermale à travers la conductance de la peau. C’est un indicateur du niveau de stress.
- le BVP qui analyse les variations du flux sanguin et la variabilité de la fréquence cardiaque
- le sEMG, ou Electromyographie de Surface, qui détecte les tensions musculaires
- le capteur de température qui évalue la circulation sanguine et l'état de relaxation
- la ceinture thoracique qui enregistre la respiration pour favoriser un rythme plus apaisant et une meilleure cohérence cardiaque.
A l’aide de ces outils, la personne épileptique apprend à mieux se connaître et à maîtriser les facteurs déclenchants des crises. Séance après séance, la personne s’entraîne à se calmer, se détendre, relâcher ses tensions musculaires et réchauffer sa température corporelle pour une meilleure circulation sanguine notamment au niveau des extrémités (doigts et orteils).
Le neurothérapeute fait un bilan clinique et propose un accompagnement qui considère à la fois les sensations physiques et les capacités cognitives.
Le retour sur l’activité cérébrale : le neurofeedback EEGq
D’un point de vue cérébral, le neurofeedback EEGq vise à entraîner le cerveau à s'autoréguler émotionnellement. En utilisant des dispositifs qui mesurent l'activité électrique du cerveau, l’entraînement par neurofeedback permet d’apprendre à modifier la fréquence des ondes cérébrales en pleine conscience et de façon volontaire.
L’objectif ? Réduire la fréquence et l'intensité des crises épileptiques.
La personne apprend à réduire ses pensées parasites. Petit à petit, les anticipations anxieuses diminuent et laissent place à davantage d’ancrage, de présence et de concentration.
Cette technique repose sur la modulation des fréquences cérébrales pour renforcer les schémas neuronaux favorisant la stabilité et réduire les décharges anormales caractéristiques de l'épilepsie. Des études ont montré qu’une régulation des ondes cérébrales par neurofeedback EEGq pouvait entraîner une diminution des crises chez certains patients, notamment en ciblant les rythmes sensorimoteurs (SMR).
L'International Society for Neuroregulation & Research (ISNR) a publié un article intitulé Neurofeedback and Epilepsy qui explique l'utilisation du neurofeedback dans le traitement de l'épilepsie. L'article traite des recherches historiques et actuelles concernant les mécanismes potentiels d'action du neurofeedback sur l'activité cérébrale.
“After several sessions of neurofeedback therapy, the patient reported a significant decrease in the frequency of their epileptic seizures."
De plus, une revue de la littérature sur le neurofeedback EEGq et l'épilepsie, publiée dans Clinical EEG and Neuroscience, a mentionné le neurofeedback pour l'épilepsie. Ce traitement psychophysiologique a été catégorisé de pertinent, et a été proposé comme modèle expliquant comment le neurofeedback pouvait augmenter le seuil de déclenchement des crises. L'article a également présenté des expériences cliniques utilisant une approche guidée par EEG quantitatif, incluant une étude de cas représentative.
En conclusion…
L'épilepsie est une maladie qui nécessite une prise en charge personnalisée. En complément des traitements classiques, la neurothérapie intégrative, telle qu’elle est définie par l’Institut Neurosens incluant le neurofeedback EEGq et le biofeedback, propose des solutions adaptées et novatrices.
L’accompagnement thérapeutique permet aux patients de se sentir écoutés, compris, considérés et guidés.
Grâce aux données chiffrées, il favorise une meilleure prise de recul et une analyse précise des ressentis physiques et émotionnels de chaque personne épileptique.
Se former à ces techniques représente une opportunité pour les professionnels de santé et les proches de patients épileptiques afin d'apporter un soutien de qualité à ceux qui en ont besoin, leur permettant ainsi de réapprendre à vivre pleinement sans la crainte de crises incontrôlables.
"L'épilepsie ne définit pas une personne, c'est la manière dont elle y fait face qui forge son parcours." — Inconnu